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La brasserie Goudale pas vraiment «cool Raoul»

La brasserie Goudale pas vraiment «cool Raoul» avec une petite brasserie normande


L’entreprise arquoise a poursuivi en justice une petite brasserie normande qui vendait comme elle une bière baptisée Raoul. Le tribunal administratif de Lille vient de lui donner raison.



« C’est comme si Goliath avait mis un coup de tête à David ». Anne-Charlotte Bertrand n’a toujours pas digéré la décision du tribunal administratif de Lille. Le 27 janvier, l’instance nordiste a lourdement condamné la brasserie Les Deux Amants, située dans l’Eure. La raison ? Sa bière baptisée Raoul, en référence à une légende locale, porterait préjudice à la brasserie Goudale qui exploite un breuvage au nom similaire La Raoul, en hommage au chanteur Raoul de Godewarsvelde.

Pour la responsable commerciale de la petite brasserie bio normande, dont la production atteint aujourd’hui 5 000 hectolitres par an, contre 2 millions pour la brasserie Goudale, cette décision de justice est à la fois « affligeante » et lourde de conséquences : « En plus d’être condamnés à verser 3 000 euros de dommages et intérêts, le tribunal nous interdit de commercialiser notre bière. Or, nous avons deux mois de stock, soit 5 000 litres déjà étiquetés, l’équivalent de 40 000 euros de chiffre d’affaires. »

L’origine du conflit remonte à 2019. La brasserie Les Deux Amants a vu le jour quelques mois plus tôt. C’est alors qu’elle est contactée par l’avocat de la brasserie audomaroise : « Il nous a expliqué qu’on avait des bières du même nom et nous proposait un arrangement à l’amiable », se souvient Anne-Charlotte Bertrand.

Après avoir contacté une avocate spécialisée en droit des marques, la brasserie artisanale décide de se défendre : « On pensait sincèrement avoir gain de cause. Le nom déposé par la brasserie Goudale à l’Institut national de la propriété industrielle « La Raoul de Godewaersvelde » n’est pas celui qu’elle utilise au quotidien. En termes de droits des marques, déposer un nom et en exploiter un autre, ça ne marche pas. » Quand le dossier passe enfin devant la justice trois ans plus tard, la jeune femme se montre plutôt confiante.

« Nos deux noms pouvaient très bien coexister. Notre marque ne fait pas ombrage à la Goudale.

Mais à la lecture du jugement vendredi dernier, c’est la douche froide : « J’étais abasourdie. Nos deux noms pouvaient très bien coexister. Notre marque ne fait pas ombrage à la Goudale. On vend nos bières dans un rayon de 200 km autour de la brasserie, essentiellement en Normandie et à Paris. On doit avoir deux ou trois points de vente dans le Nord, et encore, dans des caves à bières hyper-spécialisées. »

Dans le milieu brassicole, ce jugement, qui risque de faire jurisprudence, fait grand bruit. Et l’affaire n’est peut-être pas terminée. « Nous négocions avec la brasserie Goudale pour avoir l’autorisation d’écouler notre stock. Si elle refuse, on fera appel du jugement. »

André Pecqueur, le patron de la brasserie Goudale, n’a pas répondu à nos sollicitations.


3 février 2023, les articles de presse rassemblés et relayés par Patrice LEVANNIER



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