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Le départ de la brasserie Heineken

Le départ de la brasserie Heineken sonne-t-il la fin du règne de la bière d’Alsace ?


ÉCONOMIE Le départ annoncé dans les trois ans de la brasserie Heineken de Schiltigheim peut-il mettre en danger le règne sur l’Hexagone de la bière produite en Alsace ?

  • Une page d’histoire se tourne en Alsace avec une réorganisation de l’outil de production de Heineken en France. Le brasseur hollandais a en effet annoncé la semaine dernière la fermeture dans les trois ans de sa brasserie située de Schiltigheim (Bas-Rhin), ville brassicole historique.

  • Ce départ peut-il mettre en danger le règne sur l’Hexagone de la bière produite en Alsace ? Eléments de réponse.


Illustration. Sur un mur de l'ancienne brasserie Fischer à l'entrée de la ville de Schiltigheim près de Strasbourg le 17 novembre 2022 — G. Varela / 20 Minutes


« C’est toujours cruel d’entendre qu’une brasserie va fermer, surtout en Alsace, regrette Dominique Baudendistel, président des Brasseurs d’Alsace. C’est assez dur à encaisser sachant qu’Heineken l’Espérance, ça fait 50 ans qu’ils sont là. » Depuis l’annonce du projet de fermeture du site de la brasserie de Schiltigheim dans les trois années à venir, les réactions sont aussi vives que l’amertume d’un véritable gâchis. Politiques locaux de tout bord ont dénoncé cette décision et apportent leur soutien aux 220 salariés dont l’emploi est menacé. Son départ annonce-t-il la mise en bière du rayonnement du breuvage made in Alsace en France ?

Plus qu’une question « d’honneur », c’est pour l’heure bien entendu les répercussions économiques qui préoccupent les élus, syndicats et brasseurs. Ce projet de départ « fragiliserait le tissu économique de l’historique cité des brasseurs, dénonce pour sa part la Fédération du PCF du Bas-Rhin, et affaiblirait l’industrie brassicole dans notre région en mettant au chômage des centaines de salariés dans un contexte de crise économique ». D’autres s’inquiètent plus largement d’une nouvelle disparition symbolique sur le territoire bas-rhinois, après celui annoncé du siège Adidas à Strasbourg, qui serait signe d’un manque d’attractivité.

Une crise, qui n’est cependant pas la première dans le monde brassicole alsacien qui a même connu une période plus critique avec successivement les fermetures, dans l’ordre, des bières Mutzig, Adelshoffen, Schultzenberger-Fischer. « Une période de creux avec des fleurons qui ferment et pas de relève derrière, même pas les brasseries artisanales qui font aussi partie du décor aujourd’hui », rappelle Dominique Baudendistel, également PDG de la brasserie Licorne. Une brasserie basée à Saverne (Bas-Rhin), la troisième la plus importante avec l’équivalent de 400 millions de demis produits chaque année.

Ce dernier rappelle qu’Heineken, avec sa grande enseigne sur la tour qui domine la ville à Schiltigheim, a finalement « une image très internationale. Je pense qu’il y avait un plus grand attachement régional pour des brasseries comme Schützenberger. La résonance ne sera pas la même. Mais s’il n’en reste pas moins que 220 emplois, dans une brasserie alsacienne, sont menacés », insiste-t-il. « Mais l’image d’Heineken, usine à Schiltigheim, ne va perturber la pérennité de l’univers des brasseries d’Alsace. Parce qu’il y en a d’autres, et que la plus grosse brasserie en France, Kronenbourg, est en Alsace, à Obernai, qu’il y a la Licorne à Saverne, Météor à Hochfelden et de nombreuses microbrasseries ou brasseries de moyenne taille, artisanales, qui comptent énormément aujourd’hui ».


La brasserie Heineken L'Esperance à Schiltigheim le 17 novembre 2022 - G. Varela / 20 Minutes


La plus grande région brassicole de France

Si pour le président des brasseurs d’Alsace ce départ est bien entendu un mauvais signal, il rappelle que l’Alsace restera tout de même la plus grande région brassicole de France. « Mais elle va passer sous le seuil des 50 % de la production nationale. C’est une barre un peu symbolique que l’on a réussi à tenir pendant de nombreuses années malgré les fermetures successives », souligne le président. « Là, le volume va baisser car Heineken, c’est 1,5 million d’hectolitres par an, soit l’équivalent de 600 millions de demis de bières. Jusqu’à maintenant, on était, selon les périodes, entre 55 et 57 % de la production en France. La part que représente Heineken est forte. On va donc passer en dessous des 50 % mais on a encore une grosse marge de manœuvre pour rester la plus grande région brassicole de France ».

Reste que ce départ annoncé de Schiltigheim dans les trois ans, va devoir compter avec la forte mobilisation qui se met en place. Et quelques espoirs naissent. Heineken a en effet évoqué la création d’une microbrasserie Fischer à Schiltigheim, même si la quantité de la bière produite sous cette marque ne correspond pas vraiment à une microbrasserie mais plus à une brasserie de taille moyenne. Dans le milieu brassicole, l’on parle également d’un « projet intéressant » qui serait dans les tuyaux, près de Schiltigheim…

Quoi qu’il en soit, le départ, d’une grosse brasserie « comme il y a longtemps qu’il n’y en a plus qui se crée », devrait obliger de « fédérer plus encore l’ensemble brassicole alsacien, conclut le président des brasseurs. La particularité de l’Alsace, c’est aussi d’avoir ce mix entre les très, très grands groupes, et les brasseries indépendantes de tailles moyennes, les brasseries artisanales. Et ça, c’est une richesse forte. »


Articles de presse rassemblés et relayés par Patrice LEVANNIER



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