top of page

17 brasseuses de bières artisanales partout en France


Face au milieu brassicole largement dominé par des hommes, voici une liste non exhaustive de brasseuses artisanales et indépendantes qui réhabilitent ce savoir-faire millénaire confisqué aux femmes.

Certains clichés sont plus coriaces que d’autres. C’est le serveur, qui déleste son plateau en claironnant « le rosé pour madame et la bière pour monsieur ? ». Le caviste, qui nous conseille d’emblée une blanche ou une blonde légère, « moins amères, plus féminines ». Ou notre propre père, qui ne trouve « pas très classe » une femme qui boit une pinte.


C’est rageant, d’autant plus que la bière, traditionnellement considérée comme un alcool « masculin », a été dès l’Antiquité une affaire de femmes ! Sa préparation, au même titre que les repas, a longtemps relevé des tâches domestiques, assignées aux femmes de la maisonnée. Des brasseuses pourtant écartées de la consommation, mais surtout de la production de bière, dès que celle-ci est devenue rentable et s’est industrialisée, comme le rappelle Anaïs Lecoq dans Maltriarcat – Quand les femmes ont soif de bière et d’égalité (Nouriturfu, 2022).


En France, comme partout dans le monde, le milieu brassicole est largement dominé par des hommes. Pour pallier ce déséquilibre, voici une liste non exhaustive de brasseuses artisanales et indépendantes, qui réhabilitent un savoir-faire millénaire confisqué aux femmes.

Brasserie Blüeme (Alteckendorf, Bas-Rhin)

Graphiste reconvertie depuis 2019, Sophie Peuckert est une brasseuse à la main verte (« blüeme » signifie « fleur » en alsacien). Ses créations, bio et de saison, sont inspirées de l’herboristerie : bière au matcha, sour infusée au tilleul, blonde à l’avoine et au sarrasin…

Y’a une sorcière dans ma bière (La Réole, Gironde)

Une microbrasserie bio et féministe, fondée par Véronique Vérisson et Véronique. Lanceron Bret. Avec leur gamme Virago, ces signataires d’une « lettre ouverte pour une bière plus inclusive » se réapproprient un vieux terme misogyne désignant une femme qui aurait l’allure et se comporterait « comme un homme ».


Brasserie Drao (Melesse, Ille-et-Vilaine)

Petite-fille d’agriculteurs, nièce de cidriculteur et ingénieure agroalimentaire, Rozenn Mell est revenue à ses premières amours : la terre et la bière, qu’elle brassait déjà étudiante. Aujourd’hui, elle cultive de l’orge dans sa ferme près de Rennes et s’approvisionne en houblons d’Alsace, qu’elle transforme en bières bio vivantes.


La Brasseuse des Cévennes (Saint-Frézal-de-Ventalon, Lozère)

Chez Émilie Thisse, rien ne se perd, tout se transforme ! Ses bières sont à l’image du terroir cévénol : la Marcassine (ambrée à la châtaigne, forcément), la Barbasta (« biche », en occitan, une blanche réhaussée de myrte)… Et les drèches, à savoir les céréales devenues « déchets » après le brassage, servent à nourrir les animaux de sa ferme et fabriquer des biscuits anti-gaspi.


Brasserie du Roulier (Le Val-d’Ajol, Vosges)

Black Sabbat, Pussy Riot, La Barbue verte (hommage à Clémentine Delait, célèbre « femme à barbe » vosgienne)… La sorcière Agathe’z (Nadine Fiegel à la ville) envoie du lourd, et pour tous les goûts : American Pale Ale, Lager, Imperial Stout… Une brasseuse reconnue par ses pairs, puisque lauréate de plusieurs Fourquets d’or, d’argent et de bronze (récompenses attribuées par le Musée Français de la Brasserie).


Brasserie la Bout’ (Boursay, Loir-et-Cher)

À Montréal, elle découvre le brassage. À Paris, elle est adjointe au programme d’environnement et d’agriculture urbaine. En 2016, elle se lance. Depuis, Lucie Monthioux a élaboré 13 recettes de bières artisanales (blonde au thym citron, noire chocolat amer, ambrée à la cerise, bière au raisin…), produites en partie grâce aux 300 plants de sa houblonnière.

Brasserie Gessienne (Ornex, Ain)

À l’époque où Stéphanie Ponsart-Serrano travallait dans l’industrie pharmaceutique, une amie l’initie au brassage maison. Aujourd’hui, c’est au cœur du Pays de Gex qu’elle fabrique ses bières, avec des céréales cultivées alentours, comme la GPA (une IPA version Gessienne) ou L’Écossaise, fumée et tourbée, brassée au malt de whisky.


Brasseries des Fontaines (Doué-en-Anjou, Maine-et-Loire)

Fabriquer de la bière dans une région très viticole, au cœur de l’aire AOP Coteaux du Layon, sacré pari, surtout en 2007. Mais Anne-Catherine Sailly, dont la grand-mère faisait une « bière de ménage », l’a relevé. Depuis quinze ans, elle brasse des binouzes aux noms malicieux ou saluant le patrimoine local : Pouss’Mémé (blonde aux orties), Black Widow, Troglotte, Dame de Monsoreau…


Les Bières de Charlotte (Nantes, Loire-Atlantique)

Charlotte Goin s’est formée au brassage à Lille, Paris et Montréal avant de revenir poser ses valises – et ses cuves – dans sa ville d’origine. En plus d’une gamme permanente, elle créée des bouteilles éphémères selon la saison ou son humeur : bière de Noël (la cuvée 2022 était une ambrée aux notes de citron et verveine), blanche au poivre de Sichuan ou encore une bière de récolte, au houblon fraîchement cueilli.


Brasserie Béglaise (Bègle, Gironde)

Chanteuse-brasseuse installée depuis une dizaine d’années à Bègles, la Brésilienne Alê Kali rend hommage, à travers ses bières, aux anciennes travailleuses des sécheries de morue, qui ont fait la réputation de la ville dès le XXe siècle. C’est d’ailleurs dans un local destiné à cette activité que l’artiste, féministe et engagée, a installé en 2020 sa micro- brasserie, où elle propose aussi concerts et ateliers.


Merlin (Penmarc’h, Finistère)

Sara Bambagiotti a troqué les satellites contre le houblon, qu’elle cultive elle-même. L’ancienne ingénieure spatiale enchante les biérophiles bretons avec plus de vingt recettes à son actif, des plus sages aux plus osées : Smoked IPA (malt fumé au bois de hêtre), Lazy Mango (IPA brassée à la mangue) ou l’étonnante Abyss, bière noire aux huîtres.


Brasserie de la Loire, Saint-Just-Saint-Rambert (Loire)

Biochimiste au chômage technique, faute de poste, Anne-Laure Pelloux-Prayer devient prof de chimie, mais la recherche lui manque. La visite d’une brasserie artisanale ravive la flamme, qui brûle désormais depuis vingt ans. Dans son labo, elle concocte des blondes, brunes ou blanches, mais aussi des bières spéciales : triple multicéréales, au pain toasté ou notes de miel.


Brasserie La Voisine (Coignières, Yvelines)

Ex-ingénieure en charge de l’eau chez Veolia, Harmony Voisin est passée à la bière en 2017, puis du sous-sol de ses parents à un local indépendant, où elle brasse d’alléchantes créations : ambrée infusée aux épices de noël, stout vanillée, blanche sureau-hibiscus ou encore bière de blé yuzu-gingembre.


Artmalté (Epagny Metz-Tessy, Haute-Savoie)

Passionnée de bière depuis l’adolescence, Stéphanie Altermatt ne trouve pas d’emploi dans son domaine, la microbiologie. Tant pis, ce sera la microbrasserie, pour redonner à ce métier ses lettres de noblesse et faire redécouvrir la bière au public, avec des recettes pour tous les palais : stout au café, blanche au malt de blé torréfié et fumé ou l’IPA aux malts haut savoyards.


Brasserie Île et Elle (Saint-Pierre-d’Oléron, Charente-Maritime)

Elle, c’est Mélodie Séguier, fraîchement reconvertie. Le confinement a repoussé l’inauguration de sa microbrasserie, mais lui a permis de peaufiner ses recettes. Sur son île, plus connue pour ses huîtres que pour sa bière, elle brasse bio, contre vents et marées, blonde, blanche ou ambrée.


Brasserie Thibord (Aix-Villemaur-Pâlis, Aube)

Troisième génération d’une famille de céréaliers, Clémence Thibord n’a pas trahi le clan en se lançant, en 2018, dans la microbrasserie. Mieux : ses bières sont produites avec l’orge moissonnée par son frère. Six références permanentes et deux éphémères, dont André, binouze aux poivres conçue en collaboration avec une choucrouterie locale.

https://www.brasseriethibord.fr/


Brasserie 5 Bis (La Palme, Aude)

Œnologue, Delphine Roulier a été, pendant douze ans, maîtresse de chais d’un prestigieux domaine. Lors d’un salon, un homme lui fait remarquer que la bière n’est pas une boisson féminine, voire carrément vulgaire. Déclic. Passée du raisin au houblon, elle brasse désormais en bord de mer, outre les classiques, des références pointues : Sour Ale, Black IPA, blonde au gingembre…

http://www.brasserie5bis.com/


20 janvier 2023, les articles de presse rassemblés et relayés par Patrice LEVANNIER







12 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout
bottom of page