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"Chloroquine Dundee"

"Chloroquine Dundee", la bière à l'effigie de Raoult n'a (toujours) pas reversé un centime aux soignants

Le créateur de la bière "Chloroquine Dundee" avait promis de reverser ses bénéfices aux soignants. Deux ans plus tard, la promesse n'a pas été tenue. Récit d'un fiasco.

Si vous habitez à Marseille, vous n’avez pas pu passer à côté des nombreux objets commercialisés à l’effigie du docteur Didier Raoult, président polémique de l’IHU Méditerranée.

La bière « Chloroquine Dundee », en référence au célèbre médicament vanté par le scientifique marseillais, semble connaître un fort succès commercial.

Pourtant, son créateur, qui avait promis de reverser les bénéfices de la vente aux soignants, n’en n’a rien fait pour le moment. Arnaque ou fail ? Actu Marseille lui a directement posé la question.


Un entrepreneur et un artiste

Derrière « Chloroquine Dundee », il y a la rencontre entre deux hommes : Éric Sgarroni et Vëki Graff. Le premier est la tête pensante du projet : installé à Nice, Éric Sgarroni n’en n’est pas à son premier coup d’essai.

Par le passé, il affirme avoir lancé « plusieurs sociétés informatiques », ou même « un site de petites annonces érotiques ». Pas grand chose à voir avec l’univers de la bière, donc. Mais la rencontre avec Vëki Graff va tout changer.

Vëki Graff est un graffeur qui s’est fait connaître en devenant le premier artiste à tirer le portrait du professeur Raoult, au début de la pandémie. Éric Sgarroni est conquis, le graffeur autorise notre entrepreneur niçois à imprimer son oeuvre sur les bières, et voici la naissance de « Chloroquine Dundee ».

300 000 euros de chiffre d’affaires en une année

« On était d’accord sur une chose : il fallait faire quelque chose pour les soignants et Didier Raoult avait une grosse communauté », déroule Éric Sgarroni à Actu Marseille.

Pour la première brassée, Éric Sgarroni met 2 000 bières en bouteille. Elles partent comme des petits pains. Très vite, elles seront commercialisés par milliers dans des enseignes de toute la région Paca, avec ration supplémentaire à Marseille.

Le concept est simple : offrir les bénéfices de la vente de bière aux soignants. C’était en mars 2020. Deux ans plus tard, pas un centime n’a été reversé.

Pourtant, Éric Sgarroni assure lui-même que ses bières ont généré 300 000 euros de chiffre d’affaires… Rien que sur l’année 2021. Pourquoi n’a-t-il pas tenu sa promesse ?

100 000 euros de perdus et « aucun regret »

« Entre les frais de production, le marketing, les restaurateurs qui ne m’ont jamais payé… Moi-même, je dois beaucoup d’argent à mes fournisseurs », avoue Éric Sgarroni. L’entrepreneur explique ne faire aucun bénéfice sur ce projet.

Pire : « Chloroquine Dundee » est devenu un gouffre financier. « J’ai perdu environ 100 000 euros d’économies personnelles dans ce projet. Je suis en train de vendre une voiture pour subvenir à mes besoins », détaille Éric Sgarroni.

Sans jamais regarder en arrière : « je n’ai aucun regret. La bière est populaire, on reçoit des tonnes de messages sur les réseaux sociaux… C’est une belle aventure humaine », conclut-il.

« On finit l’été, je fais un chèque aux soignants et puis on passe à autre chose »

Une aventure qui arrive à terme ? Le bilan comptable est sans pitié. « On finit l’été, je fais un chèque aux soignants et puis on passe à autre chose », achève Éric Sgarroni. L’entrepreneur espère parvenir à écouler les 100 000 bières « Chloroquine Dundee » qu’il lui reste en stock.

Dans le nord de Marseille, un enseigne alimentaire qui ne souhaite pas être citée assure à Actu Marseile avoir déjà proposé à Éric Sgarroni de racheter ce stock. « Mais Éric a mis un terme à notre discussion. C’est dommage, la bière marchait bien. Mais il a mis la charrue avant les bœufs. »

Cette enseigne marseillaise est par ailleurs accusée par Éric Sgarroni de lui devoir environ 2000 euros à cause de bières jamais payées. L’entrepreneur niçois a ouvert des contentions judiciaires contre plusieurs établissements pour impayés.

Didier Raoult n’est pas investi dans le projet

À Marseille, la boutique visée ne raconte pas la même version : « oui nous lui devons une partie de la facture, mais c’est parce que nous n’avons jamais reçu toutes les bières qu’on avait commandées », explique-t-on au téléphone.

Et Didier Raoult, dans toute cette histoire ? Éric Sgarroni n’a jamais eu l’occasion de le rencontrer. Le portrait affiché sur les bières ne rapporterait, selon son créateur aucun bénéfice financier au professeur marseillais. « Mais je crois qu’il est au courant de l’existence de la bière. Et qu’il en est content », conclut l’entrepreneur.


22 Avril 2022, les articles de presse rassemblés et relayés par Patrice LEVANNIER



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