La production de houblon tirée vers le haut par l'essor des microbrasseries
Des houblonnières se développent dans toute la France pour répondre à une demande en ingrédients locaux de la part de brasseries nouvellement créées. Les variétés de houblon locales ne peuvent pourtant pas répondre à toute la palette aromatique recherchée par les brasseurs.
Dans le sillage des microbrasseries, les houblonnières se développent un peu partout en France pour favoriser les ingrédients locaux. Il en existe désormais en Normandie ou en Nouvelle-Aquitaine, et plus seulement dans les bassins historiques que sont l'Alsace et les Hauts-de-France. Ces territoires comptent respectivement 470 et 35 hectares d'échalas sur les quelque 600 hectares recensés dans tout le pays.
L'essor des brasseries est, là aussi, vu comme une occasion pour redynamiser une production bien moindre qu'il y a encore un siècle. Le dernier contrat de filière dans le Grand Est compte augmenter les surfaces cultivées à 530 hectares en 2023. En dépit d'une présence déjà forte de la bière - le territoire compte des piliers du secteur comme Kronenbourg,Heineken,Meteor et Licorne -, les brasseries artisanales sont passées de 14 à la fin 2009 à 68 aujourd'hui.
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Pour autant, il est impossible pour les houblonnières de « répondre à tous les besoins des brasseurs en matière de recettes », décrit Antoine Wuchner, secrétaire général de l'Association générale des producteurs de houblon de France. Le poids lourd alsacien ne commercialise dans l'Hexagone que 60 % de ses 800 tonnes de récolte annuelle.
La palette aromatique permise par les variétés locales est en cause, n'étant de facto pas aussi large que celle disponible à l'échelle mondiale. La concurrence se situe surtout en Allemagne, qui compte 20.000 hectares très amérisants, et aux Etats-Unis, premier producteur au monde avec 25.000 hectares aux vives qualités aromatiques.
Parti pris
« Nous cherchons à augmenter la proportion de houblons locaux dans nos bières de saison notamment, mais nous conservons les américains dans certaines de nos recettes pour leur style », décrit Christian Artzner, président de la Corporation des brasseries artisanales d'Alsace et maître brasseur de l'enseigne familiale Perle, qu'il a fait renaître en 2009, à Strasbourg, après quatre décennies de fermeture.
Il utilise pour moitié des houblons alsaciens, dont certains sont issus d'un plan de recherche variétale lancé dans les années 2000, et pour moitié des américains. D'autres font des variétés locales un parti pris. C'est le cas de la brasserie Saint-Pierre, créée voilà vingt ans, également dans le Bas-Rhin. « La bière fait partie du terroir », revendique son responsable du développement commercial, Arnaud Caspar.
Reste que, parce que la palette aromatique sera toujours limitée en France, l'adéquation entre l'offre et la demande « risque de coincer un jour ou l'autre », selon Antoine Wuchner, qui redoute à terme des surproductions locales compliquées à écouler.
7 octobre 2022, les articles de presse rassemblés et relayés par Patrice LEVANNIER
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