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Oktoberfest

Les brasseurs allemands oublient leurs soucis à la fête de la bière

Après trois ans d'absence, l'Oktoberfest a rouvert ses portes à Munich le 17 septembre pour seize jours. L'ambiance festive qui se dégage masque les difficultés des 1.550 brasseurs allemands, touchés de plein fouet par la crise énergétique. Reportage.

Rien n'aura été épargné à la fête de la bière pour son retour à Munich , après trois ans d'absence imposée par la pandémie. Ni la peur d'une nouvelle vague d'infections au Covid ni celle d'une inflation galopante. 700.000 aficionados se sont pourtant précipités à cette gigantesque fête foraine alcoolisée installée en plein centre de la ville dès le week-end d'ouverture les 17 et 18 septembre. « Munich ne serait pas Munich sans la fête de la bière », se réjouit Clemens Baumgärtner, directeur de la manifestation pour la ville.


Attablés devant une chope d'un litre, Pierce et Will sont venus du Mississippi pour célébrer le retour de l'Oktober Fest, en même temps que les 29 ans de la jeune femme blonde. « C'est une pure joie d'être ici, on va aller dans toutes les tentes pour tester les ambiances et élire notre préférée », s'exclame cette dernière, vêtue d'une robe bavaroise à décolleté plongeant et chemisier en dentelles. La fête compte 17 tentes XXL et 21 plus petites !

Faire la fête à tout prix

La pluie et le froid n'ont pas permis d'atteindre le million de visiteurs au cours du premier week-end, comme en 2019 quand l'événement avait attiré un total de 6,3 millions de personnes en quinze jours et généré 1,3 milliard d'euros de chiffre d'affaires. Mais entre les manèges à sensation et les tentes dédiées à la bière, l'ambiance qui règne encore en pleine semaine dans cet espace grand comme 59 terrains de football, pousse les brasseurs à l'optimisme.

« Les gens n'ont qu'une envie, c'est de faire la fête, de manger des spécialités bavaroises, de faire comme avant », se félicite Arabella Schörghuber, directrice de la tente de Paulaner, leader du secteur en Bavière.

Les gens n'ont qu'une envie, c'est de faire la fête, de manger des spécialités bavaroises, de faire comme avant

Arabella Schörghuber Directrice de la tente de Paulaner


Avec la bière d'octobre exclusivement fabriquée dans la région, les stars sont la saucisse, le poulet grillé et les bretzels géants, comme toujours. La fête plus que bicentenaire de la bière semble ainsi faire pour quinze jours office de parenthèse grisante à l'approche d'un hiver inquiétant. Le spectre de ce dernier est perceptible à l'absence de chauffage, dont les brasseurs ont décidé de se passer dans les tentes pour économiser de l'énergie. Mais à mesure que s'écoulent les heures, les visiteurs s'échauffent. Debout sur les bancs en bois pour scander les tubes joués par les orchestres, ils font monter la température.

Malgré la promiscuité dans ces espaces réunissant plusieurs milliers de personnes, nul ne porte de masque contre le Covid. Ce sont les costumes traditionnels portés par la grande majorité, - culotte de peau, guêtres à mi-mollet et veste bavaroise à col droit pour les hommes ; robes colorées à tablier pour les femmes -, qui servent d'armure éphémère contre une époque anxiogène.

Des marges en baisse

Dans cette bulle, nul ne semble d'ailleurs vouloir compter. Malgré l'inflation de près de 17 % en trois ans, qui fait évoluer le prix de la chope d'un litre de bière entre 12,60 et 13,80 euros selon les tentes, « les gens boivent autant qu'en 2019 », assure Clemens Baumgärtner. Une famille de quatre personnes dépense en moyenne 150 euros. Il y voit la preuve que la qualité de service est au rendez-vous. En revanche, au lieu de venir deux ou trois fois, les visiteurs munichois qui représentent 80 % des entrées pourraient venir moins fréquemment.

C'est tout l'enjeu des jours à venir. Alors qu'ils ont dû fixer les prix de la bière dès avril en vue de la fête, les brasseurs munichois comptent pourtant sur les volumes pour compenser la réduction de leurs marges. D'autant qu'avant cette parenthèse festive, la consommation nationale de bière restait avec un total de 253,8 millions de litres vendus au premier semestre inférieure de 5,9 % sur un an, selon l'institut Nielsen.

Y aura-t-il du CO2 à Noël ?

Les prochains mois s'annoncent plus difficiles encore pour les 1.550 brasseurs allemands et leurs 35.000 employés. Déjà affectés par les problèmes d'approvisionnement en matières premières, ils sont aujourd'hui touchés de plein fouet par la crise énergétique. Du verre au carton, tous les emballages ont vu leurs prix exploser. Mais c'est le manque de dioxyde de carbone, lié à la baisse de production d'ammoniac dont il est un sous-produit, qui inquiète le plus le secteur. Le CO2 est clé pour le nettoyage des bouteilles, la gazéification de la bière mais aussi pour déplacer celle-ci entre les réservoirs ou vers les fûts.

« Chez Paulaner, nos contrats long terme avec nos fournisseurs sécurisent notre approvisionnement en matières premières et nous produisons notre propre CO2, mais la bière sera plus chère », assure Johannes Riegen, porte-parole du groupe. Pour les brasseurs plus petits qui n'ont pas ces filets de sécurité, le sujet est cependant devenu existentiel. « Nous n'avons jamais vu une telle crise. Il faut que le gouvernement instaure un plafond sur le prix de l'électricité et du gaz de toute urgence, comme en France », appelle Holger Eichele.


24 septembre 2022, les articles de presse rassemblés et relayés par Patrice LEVANNIER



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