Une des trois marques mondiales du géant belgo-brésilien AB InBev va filer le grand amour avec son principal challenger. Mais à l'autre bout du monde seulement.
C'est une de ces bizarreries auxquelles conduisent les applications strictes des règles de saine concurrence. En Australie, le groupe néerlandais Heineken va vendre des bières sous la marque Stella Artois. Oui, vous avez bien lu, le deuxième brasseur mondial commercialisant une des trois marques mondiales de son principal rival, le brasseur belgo-brésilien AB InBev.
Soyons honnête, ce n'était pas le projet de départ d'AB InBev. Le groupe cherchait à se faire du cash, l'an dernier, en cédant ses activités australiennes, réunies sous l'enseigne de Carlton & United Breweries. Il avait trouvé un acquéreur intéressant en la personne du groupe japonais Asahi, prêt à débourser un peu plus de 11 milliards de dollars pour le paquet. Celui-ci incluait les licences de commercialisation des marques de bière Stella Artois et Beck's sur le marché australien.
Seulement voilà, l'ACCC, le gendarme de la concurrence australien, a tiqué sur les nouvelles parts de marché d'Asahi. Il a estimé que le Japonais serait trop puissant sur les marchés locaux du cidre et de la bière, et lui a enjoint de se défaire de quelques actifs. Dans le lot, figurait la licence perpétuelle pour Stella Artois. Asahi s'est sagement mis en quête d'un acquéreur pour le tout et l'a trouvé... au nord de la Belgique! Heineken a annoncé ce mercredi qu'il avait repris l'ensemble. Et voilà la raison pour laquelle le N°2 de la bière fera désormais là-bas la publicité d'une des marques phares du N°1. Ou quand le monde marche à l'envers aux antipodes...
Articles de presse rassemblés et relayés par Patrice LEVANNIER
28 octobre 2020 du journal L'Echo
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